Violences et agressions sexuelles dans le sport : à quand la fin de l’omerta ? Abonnés
Compte tenu de l’écho médiatique de cette affaire, le ministère des Sports a sollicité une enquête de l’inspection générale, dont les conclusions ont été rendues publiques début août. Dans son rapport, l’inspection met clairement en cause la fédération des sports de glace, dont le fonctionnement et l’attitude n’ont pas permis de protéger les athlètes face aux abus de leurs entraineurs. Pire, ces pratiques se sont reproduites puisqu’au total plus d’une vingtaine d’entraîneurs seraient mis en cause dont 12 pour des cas d’harcèlement ou d’agressions sexuelles. Malgré les dénonciations des victimes, l’omerta au sein de la fédération a pu laisser perdurer ces pratiques, ce qui conduit immédiatement à s’interroger sur l’existence de pratiques similaires au seins d’autres fédérations sportives.
Dans un documentaire diffusé le 1er septembre dernier sur ARTE, le réalisateur Pierre-Emmanuel Luneau-Daurignac démontrait justement les ressorts et méthodes expliquant pourquoi et comment le système sportif favorisait les agressions sexuelles. En se penchant sur le cas de sportifs professionnels ayant été abusés, il met clairement en avant le contexte particulier dans lequel se développent ces abus : l’emprise de l’entraîneur sur le sportif (mineur la plupart du temps) est souvent très importante, la relation entre eux se développe dans une culture de l’effort, de la souffrance et du culte du corps. Alors qu’ils sont souvent éloignés de leurs parents, la souffrance des jeunes athlètes est souvent renforcée par la pression exercée par la famille pour leur réussite sportive. Cette analyse glaçante des rouages de la violence sexuelle dans le sport est encore plus sidérante lorsque l’on sait, comme pour le patinage artistique, que ces pratiques sont couvertes - volontairement ou involontairement par les dirigeants.
Le monde sportif amateur n’est pas épargné par ces pratiques indignes des entraîneurs, éducateurs ou responsables sportifs, et il est désolant, face au nombre de cas révélés (au 1er juin, 177 personnes issues de 40 fédérations ont été mis en cause), de constater que ce n’est qu’à compter de cette rentrée qu’une partie seulement des fédérations sportives a mis en place des critères d’honorabilité et la vérification du casier judiciaire des personnes au contacts des jeunes.
Romain Boisset le 17 septembre 2020 - n°264 de Communes et Associations
- Conserver mes publications au format pdf help_outline
- Recevoir par mail deux articles avant le bouclage de la publication.help_outline
- Créer mes archives et gérer mon fonds documentairehelp_outline
- Bénéficier du service de renseignements juridiqueshelp_outline
- Bénéficier du service InegralTexthelp_outline
- Gérer mon compte abonnéhelp_outline